Pour Maria Grazia Chiuri, la scénographie qui accueille la présentation de la collection Dior prêt-à-porter automne-hiver 2023-2024 est fondamentale pour mettre en lumière ses inspirations.
Pour ce défilé unique, elle convie l’artiste portugaise Joana Vasconcelos, née à Paris en 1971, à occuper le lieu du show avec l’une de ses installations monumentales – intitulée Valkyrie Miss Dior –, une prolifération de formes organiques en dialogue avec l’architecture. Les techniques qu’elle explore – couture, tricot, crochet –, tels des savoir-faire artisanaux typiquement féminins, contrastent avec le caractère géant et visuel de son œuvre, spécialement pensée pour Dior.
Joana Vasconcelos a participé à de grandes expositions internationales – dont la Biennale de Venise en 2005, où a été présentée son installation engagée (The Bride). Une rétrospective au musée Guggenheim de Bilbao lui a également été dédiée en 2018. Elle a été aussi la première femme artiste à exposer au château de Versailles, dès 2012.
Maria Grazia Chiuri a souhaité tisser une conversation avec elle, autour de Catherine Dior, la sœur de Monsieur Dior, figure féminine forte et indépendante. Membre de la Résistance française, elle consacra une grande partie de sa vie au commerce des fleurs coupées. La Directrice Artistique se réfère souvent, au gré de ses collections, à Catherine Dior, véritable modèle d’émancipation féminine.
Pour Joana Vasconcelos – qui s’intéresse aux histoires personnelles et collectives des femmes dont la vie devient un exemple –, Catherine Dior est une Valkyrie. Dans la mythologie nordique, les Valkyrie(s) sont des divinités qui servent le dieu Odin. Sensible au rôle de ces femmes puissantes, valeureuses et combatives, l’artiste portugaise élabore un projet qui est une célébration de la liberté créative.
L’œuvre de Joana Vasconcelos, imaginée pour ce show Dior, occupe l’espace de manière presque tentaculaire. Une forme libre constituée notamment de tissus, de dentelles, de broderies et de compositions au crochet, dont il est impossible de s’échapper, et à laquelle s’ajoutent des « îles » aux formes organiques, elles aussi en tissu, dans lesquelles le public est invité à s’asseoir.
Les traditions textiles conservent, dans le futur, le souvenir de leur passé, elles possèdent une intelligence diffuse. Joana Vasconcelos utilise habituellement des tissus qui évoquent, selon elle, une mémoire des origines et la force des artisanats. Pour le défilé Dior, elle choisit d’utiliser des chinés floraux inspirés des archives de la Maison, une ode aux fleurs de Miss Dior et à la splendeur de la Nature chère au couturier-fondateur, créant ainsi un lien entre les lieux, le temps et la culture. Joana Vasconcelos réactive, dans l’émotion, leur beauté intrinsèque et cette rencontre sans cesse renouvelée entre féminité et féminisme qui ponctue son œuvre comme celle de Maria Grazia Chiuri.