La marque à la Méduse a été acquise pour 1,25 milliard par le groupe en avril dernier et rejoindra officiellement le groupe le 2 décembre prochain. Cette acquisition, explique Andrea Guerra, « a été une opportunité. Celui qui la détenait a ressenti la nécessité de vendre, à un moment où de nombreux concurrents réfléchissaient davantage à eux-mêmes qu’à l’expansion. Nous nous sentions prêts et avons saisi cette opportunité, y compris en termes de prix ».
Quant aux objectifs, « conscients de l’ampleur de l’engagement, nous n’anticipons pas de résultats tangibles à court terme, mais à long terme », note le dirigeant. « Si nous continuons à croître, nous pourrons à l’avenir franchir le cap des 7 milliards de chiffre d’affaires. Mais il faut mener un travail de fond sur la marque, la créativité, le positionnement, l’identité, la désirabilité du produit ».
S’agissant de l’héritage de Gianni Versace, l’essentiel, souligne Guerra, « c’est de ne pas trahir l’histoire. Dans la mode que nous voyons aujourd’hui, il y a beaucoup de Versace: il a été le premier à lancer les top-modèles, le glamour, et à rapprocher la mode de la culture populaire, de la musique. L’ADN de la marque est très fort et il nous appartient de comprendre comment elle doit vivre en 2027, en 2030, en 2040. Il doit y avoir une tension positive entre la créativité de la marque et son histoire ».
Lorenzo Bertelli deviendra président exécutif de Versace, mais sa mère, Miuccia Prada, ne s’occupera pas de l’aspect stylistique. « Mme Prada est une actionnaire importante du groupe Prada, mais elle ne s’occupera pas de la partie stylistique de Versace », assure Guerra. « Il y aura des personnes, à commencer par Lorenzo, qui s’engageront dans ce voyage. Ce sera un moment de rupture, nous pourrons appliquer quelques codes différents et également expérimenter; nous pourrons nous mesurer chez Versace comme dans un laboratoire. Et ce sera également intéressant pour Lorenzo. »
Pour le groupe, l’entrée de Versace sera un moment d’évolution: « Nous avons deux moteurs importants, Prada et Miu Miu, qui nous ont permis d’enregistrer 20 trimestres consécutifs de croissance continue », souligne le PDG. « Nous ajoutons maintenant un autre moteur, Versace, qui portera ses fruits à long terme. Nous sommes engagés dans un processus d’évolution; cette entreprise est arrivée jusqu’ici en une seule génération grâce à l’empreinte très forte de ses fondateurs, qui continuent de la diriger à nos côtés. Il y a une histoire forte à respecter et une succession déjà tracée, claire pour tous ». Quant à Armani, « aujourd’hui, il existe un testament et une famille présente qui doivent sortir d’un moment de grande souffrance et définir le parcours, le calendrier. De notre point de vue, il y a un grand respect et nous ne craignons rien, nous sommes très actifs ».

