« Le noir est l’uniforme de la démocratie » Charles Baudelaire
Le Directeur Créatif Pierpaolo Piccioli a toujours considéré la couleur comme un canal puissant de communication immédiate et directe, un canal constamment utilisé pour recalibrer la perception, et réévaluer la forme et la fonction. Pour la Collection Valentino Le Noir, Pierpaolo Piccioli revisite Valentino à travers la lentille du noir qui, ici, ne représente pas une absence de couleur, ni un exercice de monochromie ou de monotonie, mais plutôt la découverte de tout un spectre de tonalités, avec des nuances infinies, enfermées dans une seule teinte.
En tant que couleur, le noir a toujours porté en lui une multitude de définitions et de significations, en constante transformation, perçues par tous. Les noirs de Mark Rothko, les noirs réfléchissants de Pierre Soulages, les formes noires sculpturales de Constantin Brâncuși, expriment l’étendue de la syntaxe et du langage du noir. Représentant de l’universalité et de l’individualité, de l’uniformité et de l’idiosyncrasie, le noir agit physiquement comme aucune autre couleur, en absorbant la lumière. Ses profondeurs sont explorées, un lexique du noir est présenté. De même, d’un point de vue philosophique, il absorbe nos définitions et ramifications culturelles projetées, nos souvenirs et nos significations. Dans cette collection, le noir peut devenir la couleur emblématique non pas de la sobriété, mais plutôt de l’exubérance, une teinte qui offre une rébellion au romantisme, un graphisme marqué au flou.
Couleur du quotidien, le noir est ici amplifié, utilisé pour recontextualiser les signes et les signifiants de Valentino : rosaces, volants, broderies et dentelles. Une réinterprétation des codes de Valentino, des volants et des plissés abstraits en clair-obscur, tandis que le langage sartorial est traduit en vêtements, la fragilité devenant une force. Les motifs, les broderies et les tissus donnent différentes vies au noir. La technique apélee par Valentino, Altorilievo, est réalisée sur du tulle, qui tombe comme des ombres sur le corps. Les formes sont sculptées dans des velours et des crêpes intenses, tandis que la transparence de la mousseline voile la peau.
Dans un univers de noir, les gestes tirés du passé peuvent devenir nouveaux, observés d’un point de vue neuf, dotés d’une identité différente. Les silhouettes archétypales de Valentino, les lignes glamour et les épaules définies, qui rappellent indéniablement les années 80, sont revisitées sans nostalgie et accentuées pour délimiter les corps d’aujourd’hui. Une contraposition en noir, entre légèreté et solidité, hier et aujourd’hui.
Le noir peut défier les stéréotypes et les briser. Selon Baudelaire, le noir porte en lui sa propre démocratie. Le jour et le soir se confondent, les silhouettes précieuses et les ornements acquièrent une nouvelle réalité, un nouvel attrait. Comme on peut dire ‘Rosso Valentino’, on peut aussi dire ‘Nero Valentino’.
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