Au fil des défilés, la Fall constitue un temps de réflexion particulier, un questionnement au long cours, sans cesse renouvelé. Cette ligne Dior est l’occasion de rendre hommage à Paris et New York, un dialogue captivant entre les deux capitales de la mode – mis en lumière dans l’autobiographie de Christian Dior – que Maria Grazia Chiuri fait rayonner au gré d’imprimés essentiels.
Le pont entre ces cultures est Marlène Dietrich, actrice charismatique et à contre-courant, attachée à Dior à la ville comme à l’écran. La Directrice Artistique s’en inspire pour construire une collection conjuguant le style Dior à la présence iconique de la diva et à son allure garçonne. Sublimant les silhouettes du show – mis en scène au sein de l’emblématique Brooklyn Museum –, les vestes s’accompagnent ainsi d’un pantalon large à pinces ou d’une jupe crayon s’arrêtant sous le genou. Les robes précieuses et parfois très légères laissent entrevoir la lingerie, un élément incontournable de la tenue, tandis que les broderies évoquent les codes fétiches chers au couturier-fondateur : l’étoile, le trèfle ou l’abeille. Un prodigieux champ des possibles.
Foisonnante, envoûtante, la ville de New York a toujours exercé, sur Christian Dior, un irrésistible pouvoir d’attraction.
L’histoire débute au cœur de Paris, le 12 février 1947, dans les salons du 30, avenue Montaigne, où Christian Dior révèle sa toute première collection. Les créations présentées portent en elles l’essence d’une féminité révolutionnaire, à l’instar de l’ensemble New York, dont les lignes épurées semblent concentrer le souffle contemporain de « la ville qui ne dort jamais ». À l’issue du show, Carmel Snow, la rédactrice en chef du magazine Harper’s Bazaar, séduite par cette modernité aux airs de manifeste, s’exclame : « It’s quite a revolution, dear Christian ! Your dresses are wonderful, they have such a new look ! » consacrant ainsi aux yeux du monde, sous le nom de New Look, la silhouette Dior, dès lors symbole d’un nouvel élan vital.
Outre-Atlantique, le succès est immédiat. Le 7 septembre 1947, quelques mois seulement après son triomphe, Christian Dior se voit décerner le Neiman Marcus Award for Distinguished Service in the Field of Fashion1. Le couturier, qui n’a alors jamais traversé l’Atlantique, embarque à bord du Queen Elizabeth pour rallier New York, puis se rendre à Dallas, avant de poursuivre cette aventure à Los Angeles, San Francisco, Chicago, Washington et Boston, sources d’inspirations inépuisables. Ses modèles Texas, Chicago, Los Angeles, San Francisco, Arizona ou encore Mystère de New York sont une véritable invitation à l’évasion.
Mais si les splendeurs des États-Unis n’ont de cesse de fasciner le couturier, c’est avec New York – « l’un des centres du monde », selon ses propres mots – qu’il tisse les liens les plus singuliers, les affinités les plus électives. En 1947, lorsqu’il découvre la célèbre skyline de Manhattan, Christian Dior tombe sous le charme de sa grandeur, de son architecture, de la richesse culturelle de cette cité cosmopolite. Dans ses mémoires2, il raconte : « À tant de questions que je m’étais posées, New York allait donner la plus éloquente des réponses en m’apparaissant, le cinquième jour, à l’aube, radieuse, dans la gloire de son été indien… confie-t-il. Mon enthousiasme était sans bornes ; j’avais oublié mon vieux continent… Je passai deux jours à New York dans un émerveillement continu. » C’est ici, au cœur de cette mégapole grisante et profondément vibrante qu’il choisit d’offrir aux femmes le goût et l’excellence de la couture parisienne, adaptés aux envies, au style des citadines américaines. En octobre 1948, cet attrait puissant est ainsi scellé par le lancement de la filiale Christian Dior New York.
Une relation privilégiée, incarnée notamment par l’alliance créative tissée avec Saks Fifth Avenue où sont distribuées, dès 1950, les collections Dior. En 1971, la Maison choisit le grand magasin pour ouvrir sa toute première adresse sur le territoire américain, proposant en exclusivité plus d’une soixantaine de modèles de prêt-à-porter et de haute couture. L’année d’après, Marc Bohan investit l’enseigne iconique pour présenter les looks de la ligne Dior Boutique, ainsi qu’une sélection de vêtements conservée par le musée de la Ville de New York. Au fil des décennies, ces connexions entre les deux Maisons n’ont cessé de se renforcer, au gré d’événements faisant rayonner l’élégance et l’art de vivre à la française, conjugués à l’effervescence de la culture américaine.
Le 30 avril 2007, le défilé Dior Hiver 2007 pensé par John Galliano est orchestré au sein de l’édifice de la 5e Avenue, tandis qu’en 2013 Dior et Saks donnent un dîner d’exception pour le dévoilement de la ligne Dior Automne 2013.
Dix ans plus tard, exactement, en 2023, ces liens fondateurs sont mis en lumière à l’occasion des fêtes de fin d’année, au gré du Dior’s Carousel of Dreams at Saks, une mise en scène aussi spectaculaire qu’inédite, sublimant la façade et les 24 vitrines du grand magasin de mille enchantements éblouissants.
Cette ardente complicité avec les États-Unis n’a cessé de s’écrire, dans le même temps, au fil de rendez- vous culturels à l’ampleur inédite. En 1996, tel un hommage à la fervente passion du couturier-fondateur pour les arts, le cinquantième anniversaire de la Maison est célébré avec une exposition consacrée au travail de Christian Dior, présentée au Metropolitan Museum of Art, à New York. En 2006, puis 2008, c’est à New York – toujours et encore – que sont présentées successivement les collections Dior croisière 2007 et 2009.
De 2012 à 2022, Dior est le principal mécène du Gala international du Guggenheim, une union au long cours faisant à la fois rayonner l’admiration que cultivait Christian Dior pour les artistes, mais aussi son infinie fascination pour cette ville de cœur.
Dès 2019, Maria Grazia Chiuri engage un dialogue créatif avec Judy Chicago, figure de l’art féministe américain, dont l’œuvre monumentale The Dinner Party, réalisée dans les années 1970, est l’une des pièces phares du Brooklyn Museum, à New York. Dans cette même institution, cette odyssée unique se poursuit, en 2021, avec l’exposition Christian Dior: Designer of Dreams.
En 2023, la Maison devient, dans le prolongement de ces liens puissants, le partenaire privilégié du Brooklyn Artists Ball, orchestré chaque année au Brooklyn Museum dans le but de rassembler des fonds pour soutenir les programmes d’éducation et de sensibilisation à l’art initiés par ce lieu emblématique. Dior renouvelait ainsi sa collaboration avec l’artiste Mickalene Thomas – impulsée par Maria Grazia Chiuri pour la ligne Dior croisière 2020 –, en lui confiant la scénographie de l’événement.
Aujourd’hui, ce merveilleux récit entame un nouveau chapitre, perpétuant les dialogues pluriels entre la Maison et les États-Unis. Pour la collection Fall 2024, Dior rend un hommage sans précédent à ces deux cités de tous les possibles que sont Paris et New York, en choisissant le Brooklyn Museum comme écrin rêvé de son défilé. Une alliance hautement symbolique entre ces deux capitales de la mode, ces deux villes- mondes, par le prisme de la rencontre des cultures et de la liberté.